Une histoire française du foulard de soie designer
Autrefois, on pouvait se blottir dans un châle ou attacher un foulard autour du cou. Mais le foulard en soie, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’était pas vraiment un article de mode avant les années 1930. Et nous voilà… quatre-vingts ans plus tard, rien n’évoque plus le chic français qu’un luxueux morceau de soie à motifs avec des ourlets roulés à la main.
Ces accessoires frivoles, flottants, féminins n’étaient pas particulièrement destinés à durer pendant 30, 40, 50 ans. Mais beaucoup l’ont fait, grâce à leur qualité et à la façon dont ils ont été chéris. Cela fait partie de l’attrait des foulards en soie vintage.
Le carré de foulard de soie prend de l’âge au moment où les grandes maisons de mode françaises commencent à se diversifier de la haute couture au prêt-à-porter. Les grands noms de la couture rivalisaient les uns avec les autres pour produire des dessins toujours plus attrayants et élégants. Aux marques de bagages et de parfums de luxe – Hermès, Lancel, Cartier – s’ajoutent de nombreux foulards fabriqués à Lyon, capitale de la soie. Ci-dessous, quelques-uns de nos préférés… plus à venir !
Image « La Parisienne » 1946, Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
Les foulards Christian Dior
Christian Dior (1905-1957) aurait pu être marchand d’art si les fortunes familiales n’avaient pas disparu avec le crash de Wall Street, le faisant changer de cap. En 1946, il lance sa maison de couture, soutenue par le géant du textile maison, Marcel Boussac. Ses somptueuses robes en forme de cloche, baptisées New Look, avaient des femmes partout qui pâlissaient . Il est mort subitement laissant un brillant héritage de mode, son nom un synonyme d’élégance.
Foulards Yves Saint Laurent
À la tête de Dior à l’âge étonnant de 21 ans, Yves Saint Laurent (1936-2008) a pris le monde de la mode par surprise à maintes reprises – avec sa veste de safari, son « smoking », porté à la perfection par Catherine Deneuve, sa robe Mondriaan… Parmi ses foulards les plus prisés sont ses foulards Four Seasons des années 1980 (vous pouvez voir l’automne et l’hiver ci-dessous).
Foulards Balmain
Pierre Balmain (1914-1982) et Christian Dior se côtoient pour Lucien Lelong, et Balmain part en solo un an avant Dior. Des couleurs sombres et sourdes sont l’une des caractéristiques de son style. Réputé pour son élégance à la française, il habille les stars françaises Michèle Morgan, Simone Signoret et Juliette Gréco ainsi que des déesses hollywoodiennes telles Ava Gardner et Rita Hayworth.
Foulards Jacques Fath
Un regain d’intérêt pour Jacques Fath (1912-1952) est attendu depuis longtemps. Autodidacte et extrêmement talentueux, Fath était une figure dominante de la mode française d’après-guerre. Sa clientèle comprenait Ava Gardner, Greta Garbo et Eva Peròn. L’activité couture prend fin en 1957, mais l’entreprise continue de produire des accessoires. Valentino, Givenchy et Guy Laroche ont tous commencé chez Fath.
Foulards Lanvin et Lanvin-Castillo
Antonio Castillo (1908-1984) dessine pour Coco Chanel et Schiaparelli avant de ressusciter Lanvin après la mort de Jeanne Lanvin. Sur un certain nombre de foulards, son nom apparaît conjointement avec celui de Lanvin. Les foulards Lanvin-Castillo sont marqués par leur originalité, des abstracts vifs aux dessins figuratifs pleins d’ombres et de mystère.
Foulards en soie Pierre Cardin
Pierre Cardin (1922-2020) travaille pour Schiapparelli et Dior avant d’ouvrir sa maison de couture en 1950. Brillant et dynamique, sa première percée est venue avec sa robe à bulles de 1954. Dans les années 60, Cardin, Courrèges et Paco Rabanne forment un trio de designers futuristes. Quand il n’habillait pas les Beatles ou Lauren Bacall, il scandalisait le monde de la haute couture avec son étreinte de prêt-à-porter. Des designs Space Age au chic intemporel, les foulards en soie Cardin méritent une place dans n’importe quelle garde-robe.
Foulards Patou
Après la mort du charismatique Jean Patou, une série de grands designers a revitalisé la maison qu’il a fondée. Dans les années 1950, il s’agit de Marc Bohan, suivi de Karl Lagerfeld dans les années 1960, de Jean Paul Gaultier dans les années 1970 et de Christian Lacroix dans les années 1980. Le label de mode cesse en 1987, lorsque Lacroix part pour fonder sa propre maison de couture.
Foulards Jacques Griffe
Jacques Griffe (1909-1996) s’est taillé une réputation auprès de la grande couturière Madeleine Vionnet avant d’ouvrir sa propre maison de couture. Dans les années 1950, il succède à un autre couturier parisien du début du XXe siècle, Edward Molyneux. Griffe a également été conçu pour la scène, il n’est donc pas surprenant que ses nombreux foulards Griffe aient une qualité théâtrale et narrative.
Foulards Jacques Heim
Jacques Heim (1899-1967) a dirigé une maison de couture très réussie, qui a fermé quand il est mort. Agent de la Résistance pendant la guerre, il a ensuite habillé des bombes comme Sofia Loren et Brigitte Bardot. À la tête de la Chambre de commerce des couturiers de Paris, il a aidé l’industrie à traverser l’ère du prêt-à-porter.
Foulards Maggy Rouff
Les foulards de Maggy Rouff ont une qualité graphique rare et font partie de mes favoris personnels. Belge de naissance, Rouff (1896-1971) fonde sa maison de couture sur les Champs-Élysées en 1929. Maria Callas et Grace Kelly comptent parmi ses clients.
Foulards Jean Dessès
Jean Dessès (1925-1970) habille reines, princesses et vedettes de cinéma. Après sa retraite en 1968, il devient virtuellement une note de bas de page dans les archives d’histoire. Mais maintenant, la liste A d’Hollywood l’a redécouvert et le reste, comme on dit, appartient à l’histoire…
Foulards Ted Lapidus
Ted Lapidus (1929-2008) s’entraîne chez Dior avant de devenir le chouchou de la Nouvelle Vague française. Il crée pour Brigitte Bardot et Alain Delon, dirige le mouvement unisexe et est responsable de l’introduction des jeans dans la haute couture. Les plus beaux foulards en soie Lapidus se distinguent par leurs contrastes audacieux et leurs lignes géométriques audacieuses.
Foulards Henri à la Pensée
Pas un designer mais un nom qui mérite une place dans notre Who’s Who. Henri à la Pensée est une boutique chic de Paris qui a ouvert ses portes en 1809 (l’enseigne c1900 de la Maison Henri, illustrée, occupe désormais une place de choix au Musée Carnavalet de Paris). Foulards des années 1950 en soie de Lyon sont élégants et magnifiquement faits et nous sommes toujours heureux de trouver une beauté qui n’a pas été portée à mort